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GOLF – Ce lieu légendaire, où tout joueur rêve de swinguer, réserve à ses membres un second parcours et des prestations dignes des grands clubs privés anglo-saxons. Le nouveau propriétaire a reçu Le Figaro.
Le rideau vient de se lever sur l’acte III du mythique golf des Bordes, en Sologne, celui que tout fan rêve de jouer au moins une fois dans sa vie. Il est considéré, par beaucoup, comme le plus beau de France et, à défaut, indéniablement le plus énigmatique. Pour ce nouveau chapitre, le décorum a quelque peu changé. Le club-house, abrité dans l’ancien relais de chasse du baron Bich, a été relooké par Michaelis Boyd, l’architecte de Soho FarmHouse, le refuge chic et bio de la jet-set londonienne (Cotswolds). Les grands canapés en cuir beige ont laissé place à des banquettes en velours coloré qui apportent une touche de modernité au lieu, sans en dénaturer l’âme, si unique. C’est là que Driss Benkirane, le nouveau propriétaire du golf, nous reçoit.
Un lieu magique avec des biches en liberté
Installé devant l’immuable cheminée en pierre, au feu crépitant, ce quadra vient de terminer une partie automnale et pluvieuse avec les collaborateurs de sa société d’investissement, RoundShield Partners. En exclusivité, il nous dévoile le fil rouge de ce troisième épisode. Le golf offrira bientôt 36 trous, voués à entrer dans le top 100 des meilleurs parcours au monde, et sera totalement privé. Notre hôte, classé 6 d’index, fin connaisseur et grand passionné de tout ce qui tourne autour de la petite balle blanche, est lui-même membre de plusieurs clubs très fermés – dont le Berkshire Golf Club à Londres, Bossey à Genève et Cruden Bay en Écosse – et a joué les plus grands parcours du monde – Pebble Beach en Californie, Friar’s Head dans les Hamptons, Turnberry en Écosse… «À mes yeux, le golf est une expérience qui doit se prolonger au-delà du parcours, explique-t-il. Et, ici, le potentiel est juste fantastique. Noyé dans la forêt, le lieu est magique avec ses immenses étangs et ses biches en liberté. On y mange bien, on y boit de bons vins, il y a plusieurs châteaux de la Loire incontournables alentour et des restaurants étoilés au Guide Michelin. Je souhaite que Les Bordes soient un club international offrant à ses membres des prestations exclusives et très haut de gamme, comme cela se fait couramment aux États-Unis.»
Pour mémoire, l’acte I a démarré en 1987, lorsque le baron Bich décide de construire un golf sur ses terres de chasse, en plein cœur de la forêt solognote. Pour cela, il fait appel à un architecte de renom, Robert von Hagge – à qui l’on doit le Golf National -, installe le club-house dans son relais de chasse et construit une vingtaine de cottages pour accueillir les visiteurs. Les Bordes deviennent rapidement un must, aussi séduisantes en plein été pour leur douceur de vivre qu’à l’automne lorsque les chênes centenaires se parent de leurs plus belles couleurs. Au décès de Marcel Bich, son associé japonais, Yoshiaki Sakurai, poursuit l’aventure avant de disparaître à son tour, en 2004.
Tout d’un links britannique
Acte II: les 565 hectares du domaine sont repris par des investisseurs anglais qui imaginent la création d’un deuxième parcours, Les Bordes II, dessiné par von Hagge juste avant son décès – «Les Bordes, c’est mon chef-d’œuvre, je souhaite y terminer mon œuvre», avait-il déclaré -, le développement d’un programme immobilier ambitieux, l’ouverture d’un hôtel cinq étoiles et d’un village solognot pour animer le tout. Mais le projet prend du temps à sortir de terre, freiné par les lenteurs administratives ou encore par la découverte d’un site archéologique. D’abord totalement fermées au public et vouées à devenir un club de membres, Les Bordes finissent par rouvrir leurs portes, moyennant un green-fee de quelques centaines d’euros. Le domaine peine à trouver son positionnement.
En mars 2018, Driss Benkirane entre en scène pour reprendre le projet en pleine déroute, via sa société d’investissement. Une fois de plus, les théories les plus folles circulent sur l’avenir du golf. «Bradé à une chaîne», disent certains, «Racheté par les Chinois», affirment d’autres. Aujourd’hui, l’homme d’affaires a fixé le cap. Aux Bordes, il y aura l’Old Course et le New Course. «Ce deuxième parcours offrira un vrai contraste avec son aîné», explique le repreneur, qui en a finalement confié la création à Gil Hanse, chef de file d’une nouvelle génération d’architectes soucieux de l’environnement, partisans d’un design pur et élégant, à qui l’on doit aussi la réalisation du Golf olympique de Rio de Janeiro. Le designer a passé trois mois sur place pour creuser lui-même les contours de ce tracé qui aura tout d’un links britannique avec des fairways plantés d’ajoncs, de genêts, de bruyères et de grands bunkers dentelés. Les travaux ont ensuite été menés tambour battant et les neuf premiers trous ouvriront au printemps prochain. Driss Benkirane en connaît déjà les moindres recoins, comme ce pot bunker de trois mètres de haut, au trou numéro 14, qu’il tient absolument à nous montrer car il sera, selon lui, «la signature du parcours».
Les plaques de gazon ont été élevées en Angleterre
Quelques mois avant son ouverture et malgré la météo maussade des dernières semaines, le tracé – un doux mélange de Morfontaine, Chantilly et Fontainebleau – est déjà impressionnant. D’ici quelques semaines, il sera semé de fétuque, la Rolls des semences, pas trop dense pour les roughs, peu gourmande en eau, en engrais, et offrant un bon roulé à la balle. Les plaques de gazon ont été élevées en Angleterre, dans une nursery, avant d’être transportées en Sologne. À côté de ce New Course, Gil Hanse a également dessiné un petit parcours de dix pars 3. Bien loin du pitch and putt lambda, il s’agit là d’un vrai challenge multipliant les clins d’œil aux plus grands parcours du monde (un bunker au milieu du green comme au Riviera Country Club à Los Angeles, un «Coffin Bunker» comme sur le trou numéro 8 de Royal Troon, en Écosse…). Quant au Old Course, il a lui aussi subi un léger lifting: des roughs coupés pour être moins pénalisants, des arbres élagués pour ouvrir le jeu et, côté entretien, plus de graminées fétuques sur ses fairways pour améliorer le roulé.
Le résultat est un sans-faute
Depuis l’été dernier, M. Benkirane a déjà sélectionné une petite centaine de membres fondateurs, de treize nationalités différentes. Certains sont français et habitent dans la région, d’autres sont anglais, américains, suédois, sud-africains… Ils bénéficient d’un service cinq étoiles avec une restauration digne d’une table étoilée, des vestiaires grand luxe, des cadets expérimentés pour les accompagner sur le parcours, comme cela se fait couramment dans les pays anglo-saxons. Ces derniers ont droit à trois jusqu’à sept invités à la fois. Pour profiter pleinement des lieux, ils ont l’opportunité de séjourner dans les cottages qu’avaient créés feu le baron Bich. Ces derniers, réputés pour leur charme et leur vue imprenable sur l’immense pièce d’eau du 18e trou, ont aussi été relookés par Michaelis Boyd, en quelques mois. Le résultat est un sans-faute. Le charme opère toujours, le cachet reste intact et les biches gambadent encore devant les baies vitrées des chambres. Malgré les tempêtes, le golf des Bordes restera sans aucun doute cette adresse élégante et exceptionnelle, ce graal convoité par tous les passionnés. Il ne vous reste plus qu’à trouver un ami membre pour y être invité.
Au-delà des fairways, un hôtel de luxe et des résidences particulières
Le projet d’hôtel et le programme immobilier, initié il y a sept ans, n’ont pas été pour autant abandonnés par Driss Benkirane. Mais l’homme d’affaires a séparé chacun des projets. La création d’un hôtel 5 étoiles dans le château Bel Air du XIXe siècle a été confiée à Six Senses. Il offrira 88 chambres et 70 résidences hôtelières disséminées dans la forêt alentour. Comme il l’a fait au Portugal, dans le Douro, le groupe hôtelier souhaite axer cette nouvelle adresse sur la nature et le bien-être, pour inviter ses clients à se reconnecter à eux-mêmes.
À proximité, le club Six Senses proposera un immense lac de baignade naturel, un centre d’équitation, des activités nautiques, de la pêche, un marché de produits régionaux… Enfin, 120 villas, elles aussi décorées par Michaelis Boyd, d’une superficie moyenne de 300 m2, vont bientôt être commercialisées sur le domaine de 565 hectares, pour les membres du golf ou les simples amoureux de la nature.
Golf des Bordes, Saint-Laurent-Nouan (Loir-et-Cher). Tél.: 02 54 87 72 13.